Hermann/Yves H: Retour au Congo

Mon avis: "Encore du grand Hermann"

(c) Glénat 2013
(c) Glénat 2013

DL: 10/2013

AI: 09/2013

( Glénat)

Hermann, c'est un de mes auteurs fétiches. Je l'ai dit en présentation , le second plus présent dans ma bédéthèque, derrière Morrris, et si l'on tient compte du fait que j'ai découvert le premier 15 voire 20 ans après le père de Lucky Luke, la tendance pourrait s'inverser si je trouve les EO qui me manquent de Bernard Prince ou Comanche. 

Bref, deux seuls-là dépassent les 50 ouvrages.

La série des Tours de Bois Maury, qui m'a fait entrer en Hermannie, presque  comme on entre en religion, demeure à mon sens ce qui s'est fait de mieux en évocation du Moyen-âge

Yves H, j'aime aussi, mais avec un peu moins de moins de passion. Si j'ai trouvé la trilogie américaine très inspirée, et adoré le diable des 7 mers (  2 tomes ) je suis moins convaincu par les Bois Maury, Zhong Guo m'a laissé perplexe.

Cependant, sur des productions récentes d'Hermann, le Caid ( Jérémiah 32 ) m'a un peu laissé sur ma faim, au contraire d'une nuit de pleine Lune, cosignée par Yves H... J'en reparlerai.

Bref je vais m'inscrire un peu en porte-à-faux par rapport à ce que j'ai pu lire ça et là sur la dernière production du duo.

Ce que j'ai lu ou entendu, peut globalement se résumer par " dessin toujours somptueux (1) sur un scénario qui n'emballe pas (2) ".

(1) Dessin toujours somptueux, oui. evidemment oui.

Avec deux réserves:

- une couverture un peu décevante, à  cause de proportions surprenantes. C'est sans doute voulu ( c'est pas moi qui vais apprendre la proportion à Hermann, hein? ) mais bon...

- le défaut récurrent d'Hermann selon moi, sa difficulté à créer de nouveaux personnages. Rémy Georget, j'ai l'impression peu ou prou de l'avoir déjà vu quinze fois. (Je fais le même reproche à Gibrat, et ça ne m'empêche pas de me ruer sur ses albums comme la vérole sur le bas-clergé en plein Moyen-âge.)

Par contre, là où je m'incline respectueusement devant le sanglier des Ardennes, c'est pour sa mise en couleurs. Ah la bonne, la grande, la belle  idée que le passage à la couleur directe. 

Que la Belgique est grise! Heureusement qu'ils sont Belges les deux Huppen, sinon on les aurait soupçonnés de vouloir nuire au tourisme outre Quiévrain.

Qu'il est inspiré le Conco belge de Léopold! avec ce qu'il faut de savane et d'animaux africains, de danse tribale. J'aurais aimé que le contexte historique soit un peu plus développé, j'attendais peut-être un pamphlet contre le colonialisme, mais avec du recul, je crois que c'est cet écueil qu'Yves H a voulu éviter. 

Quand on sait toutes les critiques qu'a essuyées  Tintin au Congo  ( en partie infondées, la vision d'Hergé était conforme à la pensée européenne assez largement répandue dans les années 30 ) en faire un pendant repentant aurait été de mauvais goût. 

Première version - et plus drôle - de Tintin Congo, remplacée ensuite par une leçon de calcul.
Première version - et plus drôle - de Tintin Congo, remplacée ensuite par une leçon de calcul.

Il y a un dieu pour les poivrots!

(2) Là où Hergé n'avait fait que se succéder des gags inégaux ( mais c'était son 2nd album, encore sous l'influence oppressante de l'abbé Wallez ) Yves H nous offfre un vrai scénario. Ce n'est certes pas la trame en soi qui en fait le véritable intérêt, c'est somme toute assez prévisible du début à la fin. Le triomphe de Rémy Georget face à Lambillon, collègue journaliste imbu de lui-même jusqu'à l'excès était écrit: il ne pouvait en être autrement.

En fait tout est en allusions décalées, distillées ça et là, d'événements qui auraient pu influencer un dessinateur racontant les aventures d'un jeune journaliste. C'est un jeu de (fausses) pistes mené tambours (africains) battants.

Un poste de secrétaire qui tombe à point nommé, un alcoolique au dernier stade dont les excès provoquent de nouvelles crises, le souverain sauvé juste à temps, une injuste accusation dans un bâteau... la iste pourrait être longue, et couvre plus d'une avnture de Tintin ( journaliste qu'on n'a quasiment jamais vu écrire, pas plus que Georget et Lambillon )

Pour ne pas nous aider - pour nous perturber? - les personnages ne correspondent pas à leurs quasi homonymes, ou à ce qui nous les rappelle. Georges Rémi? Ce n'est pas Rémy Georget, ce serait trop facile, mais le méchant de service. Le marin barbu? Et bien non, ce n'est lui l'alcoolique de service. En fait il y a deux deux marins barbus, jumeaux parfaits, mais aux noms légèrement différents. Mais il ya aussi deux enquêteurs complètement inutiles. L'emmerdeur d'usage, monsieur je-sais-tout, c'est bien Lambillon, et si le nom fonctionne, il n'a rien du séraphin. La fausse piste est qu'il n'y a  pas de fausse piste.

Si l'histoire se finit plutôt bien, ( comme dans les aventures de Tintin ... ) c'est sur un clin d'oeil appuyé cette fois...Je ne le livre pas? Que le futur lecteur se console, il y a de nombreuses  autres références, et des personnages ( une cantatrice, ça ne vous dit rien? )

 

Pour conclure, ce n'est peut-être pas un Hermann majeur, mais c'est un album où les deux auteurs se sont manifestement fait plaisir chacun. Et ce plaisir, je l'ai partagé.

Dédicace en couleurs pour Gérard ( le veinard !)
Dédicace en couleurs pour Gérard ( le veinard !)

( par Le Bédéphile déchaîné )

Mes propos n'engagent que moi, peuvent être repris, même en intégralité. Je dis juste ça parce que ça me fait marrer ceux qui précisent toujours des trucs du genre "cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation." 

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