DL: 10/2013

Ai: 11/2013

(Futuropolis)

73 planches de pur bonheur!  Il a fallu l'attendre, ce troisième opus, mais cela en valait la peine. Trois années, rien que cela, mais quel bonheur à l'arrivée.

Ce n'est certes pas un hasard si Gibrat est aujourd'hui un des dessinateurs les plus côtés de la planète BD.
Après la traversée de la grande Guerre ( t1 ) de la Révolution russe ( t2 ) nous voici en 1936, au moment des premiers congés imposés par le Front populaire.
Au gré des répliques de ses personnages ( un communiste pur jus, un pétainiste en devenir, un radical-socialiste, un anarchiste qui s'intéresse surtout au tour de France et  s'offre au passage cette subtile réplique: " il est loin au général, Franco " -) l'auteur nous offre ici un tableau tout en finesse d'une époque.
Mais point d'angélisme ici. Certes les démunis s'offrent diverses poilades au détriment des nantis, mais la détresse est en embuscade, et le spectre de la guerre d'Espagne est omniprésent.
Avec une habileté consommée, Gibrat offre une lecture jubilatoire, réhaussée par un trait à nul autre pareil.
Chaque planche, chaque case est un bonheur pour les yeux. Il y a même les odeurs de la plage, celle des saucisses grillées, du collioure qui rafraîchit et qui soûle. Et la fraicheur du vent des Pyrénées.

Même si - l'admiration n'empêche pas la critique - les personnages ont trop peu vieilli en 18 ans et que les personnages féminins se confondent un peu parfois. Il faut dire qu'elles sont si jolies les femmes de Gibrat, qu'on lui pardonne de ne pas les sacrifier sur l'autel du temps.

Ce troisième tome se termine comme le premier, par un départ en barque - et pour la même destination.

Et si la barque annonçait la galère? 

( par Le Bédéphile déchaîné )

Mes propos n'engagent que moi, peuvent être repris, même en intégralité. Je dis juste ça parce que ça me fait marrer ceux qui précisent toujours de strucs du genre "cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation."