Zep: Une histoire d'hommes

Mon avis: "Epuré et touchant"

(c) Rue de Sèvres
(c) Rue de Sèvres

DL: 09/2013

AI: 09/2013

(Rue de Sèvres)

Rock'n roll et cinéma!

C'est un peu cet album qui m'a donné envie de créer ce site. 

Dire que j'ai failli ne pas acheter l'album parce que la critique qu'en fait F. Mayaud sur le site bedetheque.com fait tout pour dissuader l'acheteur potentiel. Plaisir de s'offrir une star? C'est l'avis d'un des intervenants sur le site (jfmal de son pseudo), que je partage globalement, de même que celui de centuryschoolbook (a-t-on idée d'avoir un pseudo aussi long et peu explicite!)

Bref pour centurymachin, Mayaud ne connaît pas, ou mal, le milieu du rock, pour stigmatiser d'entrée la vulgarité. Il y a des poètes dans le rock, même si Bashung a laissé un gros vide. mais, de manière générale, quand des musiciens parlenbt entre eux - et pas dans le seul milieu du rock - on ne surveille pas perpétuellement son langage. Zep aurait pu proposer des dialogues un peu plus trash sans qu'on n'y trouve grand chose à redire.

 

Sur un site marchand cette fois, bdfugue.com, l'avalanche de louanges et la notation très généreuse me paraît excessive. Trois fois 5/5 et une fois 4/5, pour 4 avis recensés.

Délicat sans doute de trop nuancer: les chroniqueurs 

Le 4/5 vient d'ailleurs du monde de la presse ( BoDoï) alors que les libraires sont unanimes. Ce Zep, gros tirage même si l'on est très loin des stats de Titeuf, on ne peut pas trop l'enfoncer. On ne tire pas sur la poule aux oeufs d'or.

 

Bref entre le chroniqueur mondain starophobe et les libraires vénaux(*) heureusement que je suis là pour apporter une opinion parfaitement impartiale. 

Il y a un peu une ambiance à la Klapisch dans cette histoire d'hommes qui n''est pas sans rappeler un autre film (de JM Poiré), mes meilleurs copains, ou Jean Pierre Darroussin campe le guitariste doué qui n'a rien réussi ensuite, et Louise Portal la seule du groupe qui ait fait carrière ensuite

 

Cela dit, la trame de Zep oscille plus vers le drame, même si, j'y reviendrai, il manque peut-être une fin plus dramatique.

Graphisme et pédagogie

Mais là où l'on attendait Zep au tournant, c'était sur la qualité ( ou les défauts, diront ses détracteurs ) de son trait.

Pour l'heure, même dans des productions pour adultes  - je pense bien évidemment à l'hilarant Happy sex - on nolus avait gratifié du dessin à la Titeuf. Du crobard expressif, gros nez et gros yeux.

Qui lisait Zep voulait avant rire, aux éclats de préférence.

Là le dessinateur fait le pari de séduire par son dessin.

Examen globalement réussi avec ce virage, peut-être pas à 90°, mais malgré tout audacieux.

Fluide, c'est peut être ce qui caractérise la ligne, tant scénaristique que graphique. Ce n'est pas hyper sophistiqué, ce n'est pas ultra-réaliste, mais c'est un dessin élégant et clair.

Le choix de la colorisation est par contre particulier. Nous est proposé ici une sorte de noir et blanc teinté. Pas tout à fait de la couleur donc, une dominante bleue, rose, brune, verte... mais évitant le vif. Cela permet un séquençage, et donne le ton - c'est le cas de le dire. Souci pédagogique?  

La première planche nous indique le procédé, puisque c'est à la dernière case que change la couleur. On comprend ensuite, même s'il semble y avoir une continuité dans le dialogue, qu'il y a rupture temporelle, fuite dans le souvenir.

Une teinte correpondant donc en gros à un découpage temporel. 

Acte I scène 1: présent, brun

Acte I scène 2: flasback, passé proche, mauve

Acte I scène 3; présent, bleu-vert ( je sèche pour être plus explicite, désolé )

Le procédé un brin artificiel: il y a d'autres manières, et plus élégantes. Est-ce parce que l'importance du tirage oblige à viser un grand public?  

140 ooo exemplaires, ai-je entendu. C'est énorme pour beaucoup de dessinateurs, ridicule pour Titeut qui aligne quasiment un zéro de plus.

Cet élément est à prendre en compte. 

Zep a fait un pari, pas si osé que cela au vu de sa renommée, et qui ne lui permettait pas toutes les audaces.

J'aurais aimé un fin plus trash, quelque chose de plus, disons-le... rock'n roll. C'est assez tiède, consensuel, trop happiendesque à mon sens.

 

Concluons. 

Sur une île déserte, si je devais emmener 50 BD, une histoire d'hommes ne serait pas du lot. J'ai passsé toutefois un agréable moment de lecture, c'est un bel album, bien dessiné, qui fait souvent sourire. 

Une agréable surprise à l'arrivée, malgré les nuances exprimées ça et là. 

 

(*) Quoi, j'en fais un peu trop? Je me déchaîne, c'est tout. C'est mon fonds de pas de commerce.

( par Le Bédéphile déchaîné )

Mes propos n'engagent que moi, peuvent être repris, même en intégralité. Je dis juste ça parce que ça me fait marrer ceux qui précisent toujours des trucs du genre "cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation." 

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