Rossi/Bollée: Deadline

Mon avis: La différence ne provoque pas l'indifférence

(c) Glénat
(c) Glénat

( Histoire d'une déchéance heureuse )

DL: sept 2013

Ai: 08/2013

Glénat 

La Guerre de sécession vue autrement

Avec Rossi, qui n'est pourtant pas scénariste ( ou pas souvent ), le western est souvent particulier.

Je pense notamment à Jim Cutlass, trop souvent résumé comme un Blueberry bis, ce qui est loin d'être le cas. Si le tome 1 était signé Charlier-Giraud et faisait penser à un pendant sudiste de leur série phare, l'équipe formée par Giraud et Rossi avait fondamentalement changé la donne, y incluant une dose de fantastique surprenante et bienvenue.

Le chariot de Thespis, que Rossi avait commencé seul avant de s'adjoindre Bonifay au scénario présentait lui aussi une singularité. 

On retrouve d'ailleurs des éléments communs entre cette série et le Deadline concocté par Laurent Frédéric Bollée, notamment l'orphelin victime de la Guerre de sécession, et le chariot comme moyen de transport. Là où il transportait une toupe de théâtre  ( Paugham d'ailleurs rejoindra une troupe de comédiens ) le chariot sert à fabriquer et véhiculer un journal abolitionniste.

Dans Cutlass, la Guerre de Sécession achevée n'était que le cadre et point de départ de l'intrigue.  Ici, quand sont relatés les éléments déclencheurs, elle n'a pas encore tourné définitivement à l'avantage du Nord - même si l'action se poursuit bien au-delà, abordant même le XXème siècle. 

Deadline?

"La deadline... Rien qu'une ligne pour séparer le monde en deux, la liberté de la barbarie, le bourreau de ses victimes... A moins que cela soit l'inverrse!"

C'est un anonyme sudiste, ravitaillant les groupes de prisonniers qu'on éloigne des zones de combat, qui signe cette définition radicale.

Deadline, la ligne qu'on ne franchit qu'au prix de sa vie si on est, au départ, du mauvais côté. Sorte de "No man's land" au large d'un mur de Berlin fait de bois et sur un autre continent, mais qui séparait deux populations issues d'un même peuple. Les confédéres du Sud et leurs prisonniers yankees sont les soldats de la RDA et les Allemands de l'Est dans le cas présent. 

 

Pourtant, le titre est trompeur. La deadline n'a pas une place si centrale que cela. C'est plus le fait de ne pas l'avoir franchi un jour qui occupe l'espace central.

L'exemplaire que j'ai lu est dédicacé par Bollée et par Rossi ( il ne m'appartient pas, hélas, vous jure qu'il ne dépareillerait pas dans ma collection )

Bollée met des guillemets pour indiquer du jeune Paugham qu'il est "différent" et rend "hommage à tous ceux qui osent franchir les lignes".

Je ne dévoile pas plus, car mystère doit demeurer.

 

 

Dédicace de Rossi pour Gérad ( encore lui ... )
Dédicace de Rossi pour Gérad ( encore lui ... )

Rossi très inspiré

Christian Rossi a peaufiné son art. J'aimais déjà son trait lors d'autres productions ( les Cutlass ou le charriot de Thespis cités plus haut , qui datent un peu, mais surtout W.E.S.T ) mais il me semble avoir franchi un palier.

La couleur, à l'évidence joue pour beaucoup dans ce bel ensemble. En témoigne une couverture inspirée et qui donne le et les ton(s): couleurs claires pastels dominantes, qui rendent même les assez nombreuses scènes nocturnes très lisibles.

Les visages sont bien trouvés et très expressifs. La tâche n'était pas facile pourtant, car si certains personnages sont caricaturaux - les Sudistes bien sûr - il en va différemment pour quelques acteurs clés, Paugham en tête bien sûr, habité par tant d'émotions.

Le thème n'était pas facile, Rossi et Bollée ont choisi de nous présenter une sorte de double transgression ( non je n'en dirais pas plus, mystère, disais-je... ) sûrement choquante au plus haut dans le cadre choisi.

Dans la Rome néronienne, cela eût laissé indifférent. Les tabous n'étaient pas les mêmes.

J'ai trouvé cela à certains moment un peu dérangeant. Mais j'aime bien, finalement, être dérangé de cette manière, insidieuse, et obligé à repenser l'idée de l'acceptation de l'autre. 

C'était osé. Ce fut dosé.

( par Le Bédéphile déchaîné )

Mes propos n'engagent que moi, peuvent être repris, même en intégralité. Je dis juste ça parce que ça me fait marrer ceux qui précisent toujours des trucs du genre "cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation." 

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Commentaires: 2
  • #1

    Devorah Oates (dimanche, 22 janvier 2017 12:02)


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    le bédéphile déchaîné (dimanche, 22 janvier 2017 14:03)

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