Hermann / Yves H : Station 16

Mon avis: " la bombe (d'Yves) H"

(c) Le Lombard 2014
(c) Le Lombard 2014

DL: 01/2014

AI: non indiqué

( Le Lombard )

Vingt ans après

Non ce n'est pas du Dumas.

Ni du Van Hamme, qui a repris le titre de l'auteur des Trois mousquetaires pour la suite de son Histoire sans héros.

Vingt ans après le début d'une aventure éditoriale. A l'image de ce que faisait la concurrence ( Dupuis avec Aire libre, collection d'ailleurs qu'affectionne un certain Hermann, mais aussi Hausman(1) , et Gautier Van Meerbeeck directeur éditorial du Lombard reconnaît tout à fait la chose) Le Lombard a donc voulu offrir aux auteurs la possibilité de quitter le format standard des 46 pages et d'offrir des récits plus personnnels. 

2014, c'est donc le vingtième anniversaire de cette collection au demeurant sympathique, une des deux seules avec Troisième vague qui perdure chez Le Lombard. 

Le principe: entre 54 et 72 pages, deux tomes au plus. 

Pour marquer l'événement, de belles sorties: des rééditions ( la Femme du magicien, par Charyn et Boucq, qui proposent un inédit à ma connaissance pour novembre 2014, Little Tulip  ) des suites ( l'attendue, par moi en tout cas fille de Paname, 2ème opus , par Kas et Galandon)  du Dorison, du Hausman/Dubois etc...(2)

La trilogie américaine du tandem Huppen père et fils, que j'ai déjà évoquée, c'est donc du Signé, même si pour ma part, je ne rangerai pas pas Station 16 avec, pour des raisons de format. Eh Oui, 20 ans, la  Collection Signé a grandi, et la taille des ouvrages avec.

C'est d'ailleurs la promotion de ladite collection par Le Lombard qui a entraîné par ricochets la présence du Sanglier et du Marcassin à Angoulême, chose que je crois avoir aussi évoquée. 

Mais venons en au fait.

 

 

 

Le sanglier toujours au sommet

J'avais osé deux critiques concernant la partie d'Hermann en chroniquant Retour au Congo. Je ne réédité pas cette fois, non que je craigne une quelconque foudre ou une chute de ciel, mais les personnages, s'ils sont familiers et très hermaniens ne me paraissent pas trop "déjà  vus". Quant à la couverture, elle est réussie: c'est beau une explosion atomique!

( Ironie du sort j'ai montré à mes élèves de troisième des images des explosions d'Hiroshima et Nagazaki, et je n'avais jamais réalisé cela: qu'une déflagration atomique pût être, d'une, colorée, de deux, belle. C'est troublant...)

Hermann reste Hermann, et son exigence légendaire est ici comme toujours de mise. Quelques cases panomariques s'étalent sur la double page, toujours avec bonheur. Une aurore boréale vient marquer une première rupture temporelle: régal pour les yeux. 

La terreur ressentie par les protagonistes se ressent autant qu'elle se lit sur leurs visages. Le climat est à la fois polaire et oppressant: pour un peu je conseillerais la parka pour la lecture.

Hermann a donc renoué avec l'horreur, style assez peu abordé par lui, sinon dans Abominable - mais déjà avec maestria. 

 

Sous le signe du marcassin

Signé, à part cela inspire décidément le marcassin. 

Difficile de ne pas repenser à the Thing, de Carpenter, tempête arctique oblige, à la lecture de Station 16.Mais pour tout dire, l'ambiance est plus celle de certaines séries B ( les contes de la crypte, la quatrième dimension ). Qu'on ne se méprenne pas, je ne veux pas galvauder Station 16, au contraire. Mon avis tient du fait que lesdites séries, parce qu'elles ont peu de moyens, sont obligées de déployer des trésors d'imagination pour maintenir le spectateur en haleine. 

Il en va de même ici. Ce n'est certes pas le dessin de son père qui limitait Yves H dans ses choix, d'autant que les effets spéciaux sont plus aisés à réaliser en BD qu'au petit ou au grand écran. On aurait pu voir d'affreux monstres dégénerescents du fait de l'exposition aux radiations, des combats plus épiques ou aux autrement sanguinolents, des blessures et plaies spectaculaires. ( J'ai toutefois eu un frisson dans la colonne quand une lame rouillée qui plus est, a pénétré une orbite, et de même quand elle en a été retirée. ) 

Mais à vrai dire, cela n'aurait pas nécessairement servi le scénario qui s'accélère sans s'emballer au fil des pages. 

Je passe sur les réflexions-à-propos-de-la-cohérence-spatio-temporelle qu'on a pu formuler ça et là. Le déplacement dans le temps étant très théorique, il me semble vain de vouloir lui appliquer des règles précises, n'en déplaise à Emmmett Brown (3)

La fin respecte la loi du genre ( du film d'horreur ou de la série B , comme on voudra, pas de jaloux ) J'ai lu sur le forum d'Hermann qu'Yves H la regrette un peu. Elle ne surprend pas outre mesure, plus ou moins annoncée: je pensais l'appel du pied volontaire, clin d'oeil au genre. 

Je ne suis donc pas surpris que Le Lombard ait fait un effort de promotion pour cet album. 

(1) Cosey Follet, Griffo, Will, Yannn,  van Hamme se sont aussi promené sur les deux collections, liste non exhaustive il va sans dire.

(2) Plus de détails : ici

(3) Le "doc" des Retour vers le futur

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