©Dargaud 2014 Lupano/Cauuet

DL 04/2014

(Dargaud )

Peu probable que cette histoire se termine par " ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants"

Nos héros, on s'en doute au vu du titre, ne sont plus dans la fine fleur de l'âge. Evénements qui se répètent trop souvent lorsque dure l'aventure de la vie, les enterrements se multiplient. Celui qui inaugure l'album de Cauuet et Lupano, on s'en doute sans en être sûr, n'est pas des plus anodins. Ce n'est qu'au deuxième tiers de l'album que l'on apprendra que le veuf ( Antoine ) et Pierre ( un des deux amis arrivés en retard  - " J'aurais dû vous dire que c'était un apéro, sous seriez peut-être arrivés à l'heure " conclut Antoine - ne se vont vus qu'épisodiquement depuis quelques décennies. La faute à Lucette, la défunte, qui a rangé Pierre au rand des indésirables à vie, c'est le cas de le dire. 

Il y a un troisième, c'est Mimile, qui a gardé une âme d'enfant, a la mémoire d'un poisson rouge, mais qu'on gagne à connaître.  Mimile qui surprend souvent, couvert de tatouages tribaux, mais n'oublie pas, une fois n'est pas coutume, de prendre son pain complet en route vers la cérémonie. Le pain complet du matin, faut pas laisser perdre. 

Il y a dans ce personnage un résumé de l'esprit des Vieux fourneaux. Ce n'est pas un hymne au troisième âge, ni l'illustration de l'adage "la vieillesse quel naufrage!".

Wilfrid Lupano pose un regard sans concession sur cette étape de la vie. Il y a bien une évidente tendresse, mais qui ne nie pas la réalité pour autant.

En atteste ce cri du coeur, reproduit au quatrième plat:

Et la jeune femme de conclure: "Et un malheur n'arrivant jamais seul, vous vivez HYPER vieux!"

Il faut des femmes, dans les histoires d'hommes, et même s'il s'agit de vieux hommes. Lucette, bien qu'enterrée est omniprésente. Sophie, sa petite-fille, aperçue ci-dessus ( et entendue: " C'est le hormones, excusez-là " se justifie Mimile  est son portrait tout craché selon l'expression consacrée. Malgré l'approche de son huitième mois de grossesse, elle est du voyage lors d'un improbable road movie  qui mène notre brelan d'ancêtres en Toscane, une partie de l'équipe voyageant en camionnette, reconnaissable entre toutes à son loup en slip peint sur la carrosserie. Un loup qui a son importance...

Thème obligeant, nostalgie imposée, les flash-backs sont fréquents, mais viennent éclairer et aérer le scénario plus qu'ils ne l'encombrent ou le compliquent. Un scénario qui confirme la maîtrise de Lupano en la matière. L'homme a le vent en poupe, et c'est justice! Les dialogues sont d'une redoutable efficacité, et certaines scènes atteignent un cocasse que je n'avais plus lu depuis longtemps. 

Quant au dessins de Lupano, ils sont très justes, personnages authentiques, trouvés, mais sans être trop caricaturaux. Une mise en couleurs sobre, un grisé pas trop sombre pour les retour en arrière, un plaisir pour l'oeil. 

Un vrai petit chef d'oeuvre, plein de bonne humeur, et qui appelle l'achat très proche du tome 2. ( Bonnie and Pierrot, rien que le titre me plaït )

( par Le Bédéphile déchaîné )

Mes propos n'engagent que moi, peuvent être repris, même en intégralité. Je dis juste ça parce que ça me fait marrer ceux qui précisent toujours des trucs du genre "cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation."