Anlor / Galandon : Les innocents coupables ( 3 tomes, série finie )

Mon avis: une bien agréable surprise

Tome 1

La Fuite 

DL 03/2011

(Bamboo Edition / collection Grand Angle

Egalement chez Canal BD Éditions dans la collection les toilés Canal BD ( voir plus bas )

 

Tome 2 

La Trahison

Dl 03/2012

(Bamboo Edition / collection Grand Angle

 

Tome 3

La Liberté

Dl 05/2013

(Bamboo Edition / collection Grand Angle

Une BD qui fait de l’œil....

L'achat d'une Bd résulte parfois d'un concours de circonstances. Bien sûr, souvent lorsque je me rends chez un de mes libraires préférés ( pas la FNAC, ni Amazon, même si ponctuellement, bref.... ) j'y vais avec une listé établie. Souvent, mes moyens n'étant pas illimités, la tâche se résume à savoir quoi éliminer. 

Entamer une nouvelle série, au vu de toutes celles déjà en cours, est un choix que j'hésite aujourd'hui à faire. Pourquoi avoir cédé, dès lors aux Innocents coupables? 

La faute à l'équipe d'Hisler BD, il y a près d'un an de cela au moment où la Première Guerre mondiale trustait les têtes de gondole. La faute aussi au réseau Canal BD, qui avait choisi l'ouvrage d' Anlor ( dessin ) et Laurent  Galandon ( scénario),  pour figurer dans sa sympathique collection des toilés Canal BD . 

La petite pile ainsi mise en avant me faisait ostensiblement de l’œil. Il faut dire que j'aime bien les dos toilés en général, et ladite collection en particulier, enrichie souvent d'un cahier supplémentaire et d'un ex-libris numéroté. 

Le critère de sélection? " des tomes 1 dont la lecture avant publication semble présenter un intérêt certain ".

Dans la collection, on trouve quelques ouvrages qui ont cartonné, Tyler Cross, les Vieux fourneaux ( évoquée par mes soins ici ), Barracuda ( version Jérémy / Dufaux ) Une nuit à Rome...

Sans vouloir faire injure à Galandon - dont j'ai beaucoup apprécié la Fille de Panama, avec Kas - et à Anlor, que j'ai découverte, leur notoriété est un ton en dessous des auteurs des ouvrages précédemment cités. D'ailleurs s'il restait quelques exemplaires en 2014 d'une édition de 2011, c'est que les bédéphiles, déchaînés ou pas, ne se sont pas précipité. (Epuisé sur le site bdnet.com l'ouvrage est encore possible de le dégoter chez une petite trentaine de libraires du réseau)

Soit dit en passant, lesdits bédéphiles ont eu tort, car cette série est un petit bijou.

 

©Canal BD Éditions 2011 Galandon/Anlor
©Canal BD Éditions 2011 Galandon/Anlor

Chez Canal BD Editions: 

Couverture un peu différente de l'édition "normale "

Jean, au premier plan, puis Miguel dit "l'Espagnol", Adrien dit "la-fuite", au regard d'ange et Honoré, le seul dont on connaisse le patronyme: Bonnot. Il s'en targue, on s'en doute, dans un univers pénitentiaire. 

Jules Bonnot le célèbre anarchiste n'est autre que son géniteur, affirme-t-il haut et fort dès son arrivée. 


Une colonie pénitentiaire agricole

J'ai parlé de Première Guerre mondiale, qui fut un prétexte, mais celle-ci n'est pas loin s'en faut, au centre des débats. Tout juste est-elle évoquée à la fin du troisième tome, dans un épilogue bienvenu. La Grande Guerre n'a pas encore bouleversé l'Europe, nous sommes en 1912, et la République ne connaît pas l'ordonnance de 1944 qui voudra repenser la justice des mineurs. En ce temps, monsieur, on mate les jeunes délinquants! " (...) Naturellement paresseux, ils doivent apprendre la vraie valeur de l'effort "

Il existe donc, en France, des centres de réinsertion, de facto de réelles prisons, où l'on peut être fouetté, envoyé en quartier disciplinaire, condamné au garde-à-vous sous la pluie et le vent le temps qu'un évadé soit repris. 

Ici l'on perd son identité: Adrien devient " la fuite " ( accident nocturne lors du premier somme ) un 'autre "l'Espagnol " ( teint basané ) "double-vue" ( strabisme prononcé ) "le marbré.""Franc-cœur" "l'apache"..

On perd son identité, et sans doute aussi son innocence, ou ce qu'il en restait en arrivant. 

Bien sûr, tous n'étaient pas des enfants de chœur avant d'échoir dans la Colonie pénitentiaire agricole des marronniers, théâtre quasi exclusif des opérations deux tomes durant, quelques flash-back mis à part.   

Prison break en 1912

Les joies de la colonie! (2ème et 3ème strip de la planche 8 du tome 2)
Les joies de la colonie! (2ème et 3ème strip de la planche 8 du tome 2)

Difficile de ne pas faire le parallèle avec la série Prison break. 

Un jeune garçon qui se fait arrêter volontairement parce qu'il veut retrouver son frère et le sauver. Qui se sert pour son plan d'évasion d'une des rares personnages féminins. Qui doit composer avec l'un des pires salopards que compte la "colonie" pour mener à bien ladite évasion. En cherchant bien, je pourrais sûrement pousser plus loin la comparaison ( Ah oui, le directeur est moustachu. Bon, j'ai dit que j'arrêtais.... )

Pourtant si les similitudes sont nombreuses, je ne pense pas qu'il faille crier au plagiat ou à l'ouvrage de copiste. car, en ce qui me concerne, il y a une différence de taille, j'ai arrêté la série télévisée américaine alors qu'on m'avait prêté 4 saisons d'un coup. J'ai par contre lu avec un plaisir certain les  trois tomes. Trois tomes, sans doute le bon tempo pour maintenir le suspense tout en se donnant le temps de fouiller les personnages. 

Le premier, le plus sombre assurément, plante les personnages et les éléments du drame. A la différence du héros de prison break, Jean ne retrouve pas son frère... il s'est envoyé en prison pour rien. " On ne s'évade pas des Marronniers". C'est pire qu'Alcatraz. 

Le tome 2 commence comme le premier, par une évasion avortée, mais sans renouveler le genre, relance l'intrigue. J'ai connu trop de tomes 1 brillants mais qui s'essoufflaient ensuite pour être agréablement surpris. Conventionnel encore, le troisième opus mène bien sa barque: l'épilogue que j'ai déjà évoqué est certes bienvenu, un zeste trop happy-endesque, voire moralisateur, à mon goût. Galandon a fait le choix d'éviter le trop glauque. 

Un passage intéressant, celui d'un même épisode narré par deux de ses acteurs; et le scénariste de renouveler avec les thèmes abordés dans la Fille de Paname: les apaches, les filles de joie. ( le diptyque dessiné par Kas est légèrement postérieur au 1er tome des Innocents coupables: septembre 2011 contre mars 2011 )

Première planche du tome 3: Belle de nuit, fille de joie est venue rendre visite à Adrien "la-fuite". Ce qui provoque le courroux du petit Bonnot.
Première planche du tome 3: Belle de nuit, fille de joie est venue rendre visite à Adrien "la-fuite". Ce qui provoque le courroux du petit Bonnot.

Les regards d'Anlor

L'agréable surprise que représente la série vient aussi, assurément du trait d'Anlor. pour tout dire, je n'avais pas imaginé que le dessin fût issu de mains féminines. Pourtant, Anlor, fallait s'en douter! Je ne suis pas toujours finaud, que voulez-vous! Bref Anne Laure Bizot pour l'état-civil n'a pas, dans ses dessins,  une féminité marquée à la manière d'une Goetzinger, voire d'une Tillier. Les auteurs avaient le souci de différencier les colons, afin d'éviter une confusion entre tous ces gamins et adolescents au crâne rasé. Pari réussi, et très beau travail sur les regards, qui ont souvent accroché le mien. J'ai trouvé les encrages parfois trop épais, notamment à la fin du tome 1 et au début du tome 2, mais de manière générale, la qualité graphique est restée constante (autre défaut récurrent de certaines séries qui commencent fort avant de s'essouffler; défaut ici bienheureusement évité). 

J'ai hâte donc de suivre le chemin d'Anlor. Amère Russie sera bientôt dans ma bédéthèque, même s'il faudra sans doute attendre Noël. Les Innocents coupables s'avèrent, à l'arrivée, comme un triptyque plaisant, qui a évité le tome de trop, la surenchère dans le mélodrame. Un dessin propre et précis, qui a épousé avec finesse un scénario habile et fluide, le tout retraçant avec justesse une époque que la BD aime de plus en plus.

Une série et une dessinatrice à découvrir, si fait!

N.B. le site bedetheque.com indique la série comme " en cours ".  Anlor a depuis œuvré sur Amère RussieBamboo Edition, collection Grand angle, 2 tomes, série finie ) avec Aurélien Ducoudray au scénario, et prépare " A coucher dehors " toujours avec Ducoudray, et toujours chez Bamboo Edition, collection Grand angle. 21 planches sur 46 sont réalisées au 1er novembre 2015.

Infos grappillées sur le blog de la dessinatrice: feuilleafeuille.blogspot.fr . Lequel blog signale les innocents coupables comme une " série complète".

Fût un temps je signalais à bedetheque les erreurs que je rencontrais ça et là.  Le monde de la BD est si vaste qu'elles sont presque toutes pardonnables, surtout s'il s'agit d'une version non référencée d'un album à gros tirages et nombreuses rééditions.  


( par Le Bédéphile déchaîné )


Mes propos n'engagent que moi, peuvent être repris, même en intégralité. Je dis juste ça parce que ça me fait marrer ceux qui précisent toujours des trucs du genre "cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation." 

Reproduisez, reproduisez-vous, la France en a besoin !

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Commentaires: 1
  • #1

    Dia Claro (lundi, 23 janvier 2017 02:29)


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